"CHRONIQUES DE CLICHY-MONTFERMEIL", Palais de Tokyo, 2017
"CHRONIQUES DE CLICHY-MONTFERMEIL", Palais de Tokyo, Paris, 2017
02 Avril - 13 Avril 2017
Pour sa troisième intervention au Palais de Tokyo, JR révèle une fresque monumentale dressant sur plus de 150 m2 un portrait singulier des habitants de Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), communes où se déclenchèrent les révoltes populaires qui secouèrent la France en 2005.
Révélée au Palais de Tokyo du 2 au 13 avril, l’oeuvre sera ensuite installée de manière pérenne à la Cité des Bosquets (Montfermeil).
« Je reviens régulièrement à Clichy-Montfermeil depuis plus de quinze ans, avec mon ami et réalisateur Ladj Ly. à chaque fois je pense connaître la cité par coeur mais tout se transforme, tout est toujours bouillonnant de vie. Mon travail est lié à l’architecture : l’architecture qui a le pouvoir d’unir comme d’enfermer. Cette fresque dresse une image de Clichy-Montfermeil composé des portraits des différentes générations qui ont vu l’utopie de ce quartier se délabrer, la misère et les tensions sociales s’exacerber au point d’avoir été, suite à la mort des adolescents Zyed et Bouna en 2005, le point d’embrasement des émeutes les plus importantes de l’Histoire de France. Un portrait de ceux qui s’efforcent de remettre de la poésie dans le ciment.» JR
Le 27 octobre 2005, le drame de la mort des jeunes Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés alors qu’ils tentaient de fuir un contrôle de police, marquait le départ d’un embrasement social sans précédent dans les banlieues françaises placées sous état d’urgence.
Un an plus tôt, l’artiste JR inaugurait son projet Portrait d’une Génération, une série de portraits des habitants des Bosquets qu’il recollait en grand format noir et blanc sur les murs du quartier. Ces portraits se retrouvèrent alors en toile de fond des révoltes. JR se souvient : «c’est la première fois que j’ai pris conscience de l’impact des images et que j’ai décidé d’en contrôler la diffusion en réalisant des photographies qui ne puissent être utilisées que pour communiquer sur le projet artistique.» Alors JR revient au cœur de la cité des Bosquets pour photographier les habitants grimaçants : « à l’époque, les journalistes venaient photographier les émeutiers avec des téléobjectifs, comme des voyeurs, et ils repartaient d’ailleurs souvent sans. à l’inverse, je travaillais mes portraits au 28 mm, objectif qui oblige à être très proche des sujets et qui déforme les visages comme les médias déforment notre vision de la banlieue »1, explique JR. Il avait ensuite collé ces portraits en format XXL sur les murs de Paris en indiquant à chaque fois les noms et les adresses de ses modèles. Pour JR, la photographie est une arme permettant de mettre en image les invisibles tout en luttant contre les clichés médiatiques.
En 2014, JR met en scène un ballet qui raconte les émeutes et la vie de Ladj Ly, complice de la première heure. Les corps sous tension, les courses-poursuites et les cocktails Molotov deviennent alors classiques dans leur réinterprétation par Lil Buck, la danseuse Lauren Lovette et les 42 danseurs du New York City Ballet.
JR prolonge l’expérience en réalisant ensuite un court métrage éponyme,lmé aux Bosquets, sur une musique originale de Hans Zimmer, Woodkid, Pharrell Williams et Ben Walsh. Depuis décembre 2016, JR a photographié, avec l’aide de Ladj Ly, plus de 700 habitants, les travailleurs et les passants de Clichy-Montfermeil, en leur faisant rejouer des instants de leur vie quotidienne qu’il met en scène dans une immense fresque épique rythmée à la manière des peintures de Diego Rivera (1886-1957), artiste qui célébrait dans ses muraux engagées l’histoire du peuple mexicain. Des «mamans» aux « darons » de la cité en passant par les pompiers, les dealers, les travailleurs sociaux, les patrons de cafés, les participants aux émeutes, les danseurs, les grands frères tournés vers la religion, les maires de Clichy et de Montfermeil, les jeunes qui se préparent aux concours des grandes écoles et rêvent d’un avenir politique et ceux qui défendent leur territoire et refusent de la quitter : JR déploie les visages et les mémoires de ces habitants qui vivent la faillite de l’utopie de Clichy-Montfermeil, son chômage, ses drogues, ses révoltes sociales et ses mutations urbanistiques, du Projet de Rénovation Urbaine amorcé en 2012 jusqu’à la création du projet « Médicis Clichy Montfermeil. »
En 2017, la fresque inaugurée au Palais de Tokyo et un futurlm documentaire co-réalisé avec Ladj Ly marquent les deux nouvelles étapes de ce projet au long court sur la mémoire de Clichy-Montfermeil.