Women Are Heroes, Liberia
Monrovia, Liberia
2008
Women Are Heroes, Monrovia, Liberia, 2008
Le Liberia est le troisième pays dans lequel JR se rend pour son projet Women Are Heroes, après le Soudan et le Sierra Leone. L’histoire de ce pays oscille entre un vent de liberté et des tourbillons de violence. Premier pays africain à conquérir son indépendance en 1847, le Liberia porte le nom de son émancipation. En 2005, c’est aussi le premier état africain à élire une femme, Ellen Johnson Sirleaf, à la tête du pays.
Si ce pays est pionnier en matière de libération de ses peuples, il n’en demeure pas moins un foyer de conflits propice aux crises. D’une guerre civile dévastatrice dans les années 1990 à un regain des velléités depuis 2008, les femmes sont souvent celles sur qui retombent les éclats de violence.
C'est lorsqu'il entend parler de la situation du pays à la télévision que JR décide de partir à la rencontre des populations sur place. Meurtres d’enfants, viols, violences physiques, errances, JR gagne la confiance de femmes vivant dans des états de misère et écoute les drames personnels qu’elles portent en silence.
En collant leurs portraits dans l’espace public, il crée alors des situations inédites : « Souvent dans ces endroits-là, quand je colle des portraits de femmes, ce sont les hommes qui contrôlent la rue, et ce sont les hommes qui m’ont aidé à coller. […] C’est dans la mise en œuvre du processus, [le collage], qu’allait se créer toute la force de cette interaction avec des jeunes rebelles du Liberia qui avaient sans doute violé ces femmes, peut-être, pendant le conflit. » […] Il raconte : « Je me suis approché pour voir le pont brisé, les rebelles sont venus me voir. En fait ils sont curieux (…). Ils se demandent à quoi ça sert, se moquent de l’équipe qui trébuche sur la pente du pont en essayant de coller, mais ils finissent par les aider. Ils se mettaient à coller, ils y prenaient du plaisir (…). D’un coup je me rend compte de cette scène : ces hommes-là sont sans foi ni loi et là ils sont en train de coller, délicatement, patiemment, bande par bande, un portrait d’une femme. Ça m’a vraiment marqué. J’ai eu beaucoup de scènes comme ça dans des pays où les hommes se retrouvent comme ça dans des scènes très paradoxales. »
En faisant de ces femmes des sujets artistiques, elles existent autrement que par leur douleur et leur tristesse.